Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Marguerite de France, duchesse de Savoie 
(1523-1574)
Le livre :

Les Pseaumes de David traduits en françois

à Paris, chez Elie Josset, 1702

Le cuir d'une reliure en maroquin noir aux armes de Marguerite de France (vers 1550) a été retendu sur une reliure plus récente
dans laquelle a été emboité un livre du XVIIIe siècle.
Le fer de la reliure : 

Ecu losangé (demoiselle)
timbré d'une couronne de la famille royale de France :

« D'azur aux trois lys d'or »

(armes des Filles de France)


 
Rares livres aux armes :
 
Très peu de livres aux armes de Marguerite de France ont été conservés.

L'armorial de Guigard en avait repéré un (même fer que le mien) mais il l’attribue faussement à Elisabeth de Valois.

Christie’s a vendu en 2015 un magnifique livre avec une reliure mosaïquée aux armes de Marguerite de France avec un décor identique entourant le blason.


Marguerite de France
(Saint-Germain-en-Laye, 5 juin 1523 – Turin, 15 septembre 1574)



Fille du roi de France François Ier
et
sœur d’Henri II

Duchesse de Berry

Duchesse de Savoie

Protectrice des poètes de La Pléiade

 
Une princesse lettrée et tolérante
Fille et sœur de rois de France :

Marguerite de France nait en 1523 au château de Saint-Germain-en-Laye. Elle est la plus jeune fille du roi François 1er et de Claude de France (fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne).

Elle est la sœur d’Henri II et vit à sa cour durant tout son règne. Elle est toujours avec la famille royale au début de la régence de Catherine de Médicis.

Pour pouvoir tenir son rang, Henri II lui attribue le duché de Berry. Elle y protège en particulier l'université de Bourges en y faisant venir de nouveaux jurisconsultes.
Protectrice de La Pléiade :

Jean Daurat  fonde avec ses élèves la "Brigade des poètes" qui est à l'origine de "La Pléiade". Elle regroupe Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Pontus de Thiard, Guillaume des Autels, Étienne Jodelle, Rémy Belleau, Jacques Peletier du Mans, etc.

Marguerite de France prend, avec la plus grande conviction, la défense de cette nouvelle école face aux critiques des anciens. Elle est bien soutenue par son fidèle conseiller, Michel de L'Hospital, futur chancelier du royaume.

Ronsard exprime sa reconnaissance pour l'action de la princesse dans ces vers :

« N'est-ce pas toy, docte princesse,
Ainçois , ô mortelle déesse,
Qui me donnas cœur de chanter
Et qui m'ouvris la fantaisie
De trouver quelque poésie
Qui pût tes grâces contenter. »
Projets de mariage :

François Ier tente de réaliser plusieurs alliances pour sa fille.

Au moment de la paix de Cambrai (1529), Marguerite à l'âge de six ans, est fiancée à Maximilien d'Autriche, neveu de Charles Quint, qui n'a que deux ans. Mais la guerre entre Valois et Habsbourg reprend quelques années plus tard.

En 1538, le roi s'entend de nouveau avec l'empereur pour marier Marguerite, 15 ans, mais cette fois avec le fils de Charles Quint, l'archiduc Philippe (futur Philippe II d'Espagne), qui a 11 ans. Une fois encore l'entente entre le roi et l'empereur est de courte durée et les fiançailles sont rompues.

À sa mort en 1547, François Ier recommande à son fils, Henri II, de bien marier sa sœur. Mais, très fière de son sang royal, Marguerite ne veut épouser qu'un roi ou, à tout le moins, un souverain. 
Noces endeuillées par la mort du roi :

En juillet 1559 Marguerite de France épouse enfin, à l'âge de 36 ans, le duc de Savoie Emmanuel-Philibert.

Emmanuel-Philibert de Savoie, dit "Tête de fer" (1528-1580), est l'un des plus prestigieux représentants de la dynastie de Savoie. 

Commandant en chef des troupes impériales, puis gouverneur des Pays-Bas, le duc entreprend la reconquête des états de Savoie et remporte la victoire de Saint-Quentin. Le traité du Cateau-Cambrésis vient, en 1559, de lui faire recouvrir le duché de Savoie et le Piémont, à l'exception de quelques places fortes occupées par les Français.

 
Les noces de Marguerite et d'Emmanuel-Philibert sont marquées par un tragique évènement. 

Le roi Henri II organise un grand tournoi à Paris à l'occasion du mariage de sa fille Elisabeth et de sa sœur. Il y est mortellement blessé d'un coup de lance, face au sire de Montgommery, capitaine de sa garde écossaise.

Avant de mourir le roi impose que la cérémonie se fasse sans délai, par peur que le mariage de sa sœur soit annulé. Il est célébré dans l'affliction : « Les susdites noces ressemblaient mieux à un convoi de mortuaire et à funérailles qu'à aultre chose : car au lieu de haultbois et autres réjouissances, ce n'estoient que pleurs, sanglots, tristesses et regrets... »
Duchesse de Savoie :

Après la mort de son frère Marguerite de France est restée à Paris pour assister sa belle-sœur, Catherine de Médicis et ses neveux endeuillés. Le départ de la nouvelle duchesse de Savoie est plusieurs fois reporté : ce n'est qu'en décembre 1559 que Marguerite, accompagnée par son chancelier, Michel de L'Hospital, rejoint Emmanuel-Philibert dans le comté de Nice, avant que le couple s'installe en Savoie, puis au Piémont.

Après trois ans de mariage, Marguerite donne naissance, à 39 ans, à son seul enfant, le futur duc Charles-Emmanuel Ier (1562-1630).

La duchesse de Savoie joue un rôle d'intermédiaire entre sa belle-sœur, la régente du Royaume de France, Catherine de Médicis, et son mari, Emmanuel-Philibert. Et elle est mêlée aux négociations touchant à la restitution des dernières places fortes tenues par les Français en Italie.

Marguerite sollicite vivement le traité du 2 novembre 1562 qui remet sous la domination du duc de Savoie les villes de Turin, de Chivas, de Chieri et de Savillan que les Français occupaient en vertu d'une des clauses de la paix du Cateau-Cambrésis.




Armoiries de Marguerite de France, duchesse de Savoie
Tolérance envers les protestants :

Marguerite de France vient en aide aux adeptes de la Religion Réformée à la cour de France. Parvenue en Savoie, puis en Piémont, elle accueille avec bonté les huguenots qui avaient dû quitter leur pays. Parmi eux, elle aide secrètement son ancienne demoiselle d'honneur, la veuve de l'amiral de Coligny, assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy. Elle accueille à la cour de Turin Jacques Grévin, écrivain huguenot de grande réputation qui deviendra son médecin personnel.

L'ambassadeur vénitien, de passage à Turin, se charge d'effectuer une enquête pour déterminer si la duchesse s'est convertie au protestantisme. Il doit conclure qu'elle n'a pas abjuré la religion catholique : elle entend la messe tous les matins. Il ajoute : « Pourtant sa protection excessive pour les huguenots n'est pas douteuse, et, comme on ne peut pas l'expliquer par la conformité des opinions, il faut attribuer cette manière d'agir ou à une rare bonté d'âme, à une pitié singulière envers tous, ou à quelque dessein secret qu'il n'est pas facile de démêler. »

Lors de la révolte des Vaudois protestants, cédant aux sollicitations de la duchesse, le duc Emmanuel-Philibert consent à traiter avec les rebelles. Le traité de Cavour de 1561 autorise désormais la liberté de culte dans les trois vallées.
Dernières années :

Par ses talents politiques Marguerite de France a rendu à la Savoie les plus grands services. Tous ses actes témoignent d'une entente parfaite des situations les plus ardues, d'une âme généreuse et de droiture.

À sa mort, survenue en 1574 au palais ducal de Turin à l'âge de 51 ans, elle est pleurée par le peuple de Savoie, de Nice et de Turin.

Emmanuel-Philibert lui érige un tombeau dans l'abbaye de Hautecombe, nécropole de la famille de Savoie. En 1836, le roi de Piémont Sardaigne Charles-Albert fait transférer la dépouille de la duchesse, dont le tombeau avait été détruit pendant la Révolution française, dans l'abside de la Sacra di San Michele (abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse).
Sources :

> Page Wikipédia Marguerite de France 

> Une princesse de la Renaissance. Marguerite de France, duchesse de Berry, duchesse de Savoie 

> Princesses de Savoie des Alpes à l’Europe 

> Joannis Guigard : Armorial du bibliophile 

> Vente Christie’s livre aux armes 

 

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