Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Abbé Jean Pouyat
(1713 - 1782)
Le livre :
 
Honoré Tournely :

Praelectiones theologicae de Gratia

chez Mazières et Garnier, 1748

Le fer du posseseur :

Ecu timbré d'une couronne comtale et entouré par le texte 
" POUYAT.C.L.P. " (Collegii Lemovicensis principalis) :

" d'azur au chevron d'or accompagné en chef de trois étoiles
et en pointe d'un mont de six copeaux "



Signature de l'abbé sur le livre
Abbé Jean Pouyat
(Limoges 19 juillet 1713 -  18 janvier 1782 )

Bachelier en Sorbonne

Curé de Nieul 


Principal du Collège royal de Limoges
Le reconstructeur du collège de Limoges
Le curé de Neuil :

Baptisé en 1713 à l'église Saint-Pierre-du-Queyroix de Limoges, Jean Pouyat est ordonné prêtre en 1737. Bachelier en Sorbonne, il est nommé le 12 avril 1743 curé de Nieul, village à 12 km au nord de Limoges.

Très pris par ses fonctions à Limoges il résigne sa cure de Nieul en faveur de son jeune frère Antoine le 7 août 1765.

Mais il continue à suivre la vie de son ancienne paroisse. Ainsi, le 6 décembre 1775, il est présent avec Louis-Charles du Pressis d'Argentré, évêque de Limoges, à la bénédiction de deux cloches de l'église de Nieul et il parraine l'une des deux cloches.
L’expulsion des Jésuites :
 

En fin du XVIIIe siècle les jésuites sont expulsés de France. Une importante faillite financière en Martinique est l'occasion que saisit une alliance gallicane-janséniste pour régler leur compte aux jésuites en dépit du soutien de Louis XV. Le Parlement déclare le 6 août 1762 que leur ordre « nuit à l’ordre civil, viole la loi naturelle, détruit la religion et la moralité, corrompt la jeunesse » et la Compagnie de Jésus est bannie de France. Ses collèges commencent à fermer les uns après les autres à partir de 1761.

Le 26 mai 1762 le Parlement invite les corps municipaux à rechercher les moyens de pourvoir au remplacement des Révérends pères dans tous les collèges qui sont entre leurs mains. Les consuls de Limoges adressent au parlement de Bordeaux un mémoire où ils font une proposition pour le collège de Limoges.
Le Principal du Collège royal de Limoges :
 
Le collège de Limoges est fondé en 1525 par les consuls de Limoges mais n'ouvre effectivement qu'en 1583. Il est confié aux jésuites quinze ans plus tard, sous le nom de "Collège Sainte-Marie". Une chapelle à deux clochetons date de 1629. En 1661, le collège de Limoges a 1200 élèves et 36 régents.

Après le départ des jésuites en 1762 les échanges entre les consuls de Limoges et le parlement de Bordeaux sont difficiles, les formules proposées par les consuls, dont  celle qui souhaite confier le collège aux oratoriens, sont rejetées. Les cours sont arrêtés durant un an.

C'est finalement le 3 novembre 1763 que l'établissement ouvre à nouveau sous le nom de "Collège royal de Limoges". Sous le contrôle de l'évêque l'enseignement est assuré par des prêtres du diocèse.

Le Bureau d'administration élit pour Principal l'abbé Jean Pouyat, curé de Nieul. Le personnel  est composé d'un principal, deux sous-principaux, deux professeurs de théologie, deux de philosophie, un de rhétorique et cinq régents pour les classes inférieures.
La reconstruction du Collège :
 
A sa nomination l'abbé Pouyat trouve une situation difficile. Le budget est en déficit et, surtout, les bâtiments menacent ruine : des continuelles difficultés de trésorerie ont empêché les pères jésuites d'entretenir convenablement les locaux qui sont abandonnés dans un état déplorable au moment de l'expulsion de la Compagnie. 

Le Principal décide d'une vaste opération de reconstruction du collège. En 1763 un des corps de logis du collège est abattu. Les travaux de reconstruction du bâtiment monumental en façade sur le jardin et l’aménagement de la grande entrée actuelle sont conduits entre 1767 et 1777.

En plus de ses fonctions de direction de l'enseignement du collège, l'abbé Pouyat est élu trésorier du Bureau d'administration. C'est donc à lui que revient la charges difficile d'établir le budget des travaux. On lui attribue le mérite du fonctionnement régulier du Collège royal durant les vingt premières années de son existence.
Le bibliophile :
 
L'abbé Pouyat dispose d’une importante fortune personnelle. Un employé du collège note qu’il use « sans compter tout ce qu’il tient de son frère qui est considérable (sic) ».

C'est un homme instruit qui s'offre le luxe d'une belle bibliothèque. Il les prête facilement et tente de garantir les retours en frappant son fer sur les reliures mais aussi en ajoutant parfois sa signature manuscrite (comme dans mon livre) ou un ex-libris imprimé avec un dessin très proche de celui du fer de reliure.

Cela ne suffit pas comme l'indique l'avis suivant qu'après sa mort sa famille doit faire insérer dans la Feuille hebdomadaire de Limoges : « On prie les personnes qui auront des livres appartenans (sic) à feu M. Pouyat, principal du collège de Limoges, de vouloir bien les remettre à M. Pouyat, négociant, rue Cruche d'Or »

L'abbé Pouyat exerce ses fonctions de Principal du collège jusqu'à sa mort le 18 janvier 1782. L'évêque de Limoges assiste au service solennel que l'on célèbre en son honneur dans la chapelle du collège. Son éloge funèbre est tout entier dans ces paroles d'un régisseur du prieuré de Manzay : « M. Pouyat était un homme d'esprit et de bon sens et qui entendait supérieurement sa partie. De pareils hommes sont rares et se remplacent difficilement. » 
Une famille de Limoges :
 
L'origine de la famille Pouyat remonte à Pierre Pouyat, né en 1520, qui est receveur de l'abbaye Sainte-Marie de la Règle, abbaye bénédictine féminine fondée au IXe siècle à Limoges. Son fils, prénommé aussi Pierre, exerce les mêmes fonctions.

Le fils du 2ème Pierre, Jean,  est chirurgien de la cité de Limoges. Le fils de Jean, Pierre Pouyat (ca 1688-1750) est le père de l'abbé Pouyat. Il est "bourgeois et marchand de Limoges" ; il est nommé collecteur des tailles en 1745.
Sources :
 

> Le Bibliophile limousin,  éditeur Ducourtieux et Goût (Limoges), 1893, page 69

> Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790: Haute-Vienne, l'ancien collège de Limoges pages XXV et suivantes

> Archives de la Haute-Vienne, fichier héraldique 

> Persée : Collège de Limoges

> Wikipédia : Lycée Gay-Lussac

> Perceval : Collège de Limoges

> Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 1912

> Wikipédia : Suppression de la Compagnie de Jésus

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